La nuit de la Sorcière
Ce paresseux dimanche après midi de juillet ne finissait plus d'étirer ses longues et chaudes heures. Dans les jardins, l'on pouvait voir fleurir ici et là, parmi les lauriers roses, quelques drapeaux qu'un léger souffle d'air chaud remuait mollement. La lourdeur de l'air rendait somnolents les quelques aficionados impatients. Au dessus d'un brouet infâme, la Sorcière était à l'œuvre…
Quelque goûtes d'allergie à la pelouse, un soupçon de lucidité (pour faire face à l'absurdité), quelques graines de respect (pour les voisins), une demi-douzaines d'œils de tritons hydrocéphales (pour le goût plus que pour l'efficacité), quelques décilitres de rhum, de jus d'orange et de sirop de sucre de canne… Avec pour fond sonore l'incantation magique "Anál nathrach, orth' bháis's bethad, do chél dénmha".
De la glace pillée, quelques verres et le breuvage était prêt à faire son œuvre.
"Venez, chers voisins, venez donc vous rafraîchir, j'ai préparé quelques cocktails pour vous faire patienter jusqu'à la fraicheur du soir…". Ils vinrent en masse, permettant à la Sorcière de réaliser son funeste dessein.
Vint l'heure fatidique. Le breuvage allait il fait son effet à temps ? Non, quelques minutes plus tard, des cris déchiraient l'air… Et puis plus rien. Le calme plat. Pas un bruit, la Sorcière allait pouvoir dormir sereinement, heureuse du devoir accompli.
Chassant le sommeil, une interrogation brutale : combien de temps le breuvage allait il faire effet ? Un rapide calcul lui fournit la solution : un peu moins de quatre années…